L'IMPACT SOCIAL GLOBAL

On le voit apparaître de plus en plus. Après avoir voulu réduire leur impact sur l’environnement, avoir un impact positif sur l’économie, les entreprises souhaitent désormais avoir un impact social.

 

Ce souhait, que nous saluons, soulève néanmoins deux questions. Tout d’abord la question du sens énoncé versus le sens recherché de l’impact social. Ensuite, la question de la cohérence entre les impacts sociaux existants d’une entreprise et ceux qu’elle souhaite générer.

 

L’engouement actuel pour l’impact social entraîne un risque de confusion : le fait d’occasionner des impacts sociaux et le fait de chercher à avoir un impact social peuvent très bien cohabiter au sein d’une même entreprise.

 

Vous êtes confus ? Normal.

 

La confusion vient du recours au même mot pour dire des choses différentes.

 

Quel est l’intérêt, direz-vous, de bien différencier ce dont on parle ? Nommer avec justesse permet de réduire les risques de confusion qui peuvent mener à l’incohérence ; l’incohérence influence la réputation d’une entreprise.

 

Le sens du mot impact est heurter. Lorsque l’on parle d’un impact, on parle du fait de frapper avec ou contre une chose. Pour marquer l’opposition avec l’impact négatif, la notion d’impact positif* est utilisée dans le sens « d’apporter quelque chose », « d’être avantageux ».

 

En voulant avoir un impact social, les entreprises ne cherchent évidemment pas à heurter la société (ou leurs interlocuteurs). Elles veulent avoir un « impact positif ». Toutefois, elles semblent rechercher quelque chose de plus que « le simple avantage octroyé » ou la compensation.

 

C’est ici que le sens d’impact bifurque vers l’influence**.

 

Par l’expression avoir un impact social ce que l’entreprise recherche c’est avoir une influence au sens de poser des actions inspirantes qui changeront réellement la vie d’individus ou de communautés.

 

En d’autres mots, l’impact social des entreprises c’est faire une différence.

 

Nous le répétons, l’intention est noble de par son objectif bienveillant. Elle est aussi sociologiquement pertinente, car elle amènera l’entreprise à se questionner sur la dimension sociale de ses actions.

 

Néanmoins, la recherche d’un impact social (influence) ne doit se faire au détriment du règlement des impacts sociaux (heurts) – potentiels ou avérés. Autrement dit, regarder en avant ne doit pas nous empêcher de savoir ce qui se passe derrière et immédiatement à côté de nous.

 

L’impact social de l’entreprise est donc un TOUT : il inclut tant les aspects positifs que négatifs. L’impact social est un impact social global.

 

Omettre de le considérer ainsi pourrait entraîner une incohérence entre le bienfait que l’entreprise souhaite engendrer et les torts potentiels (et méconnus) qu’elle occasionnerait par son discours et ses actions.

 

Afin d’éviter les faux pas et les incohérences entre son désir d’influence sociale et sa conduite sociale actuelle, l’entreprise doit – en amont – connaître quelle est son Empreinte sociale

 

L’Empreinte sociale évalue l’impact social global de l’entreprise en considérant ce que l’entreprise grave dans la société par son discours et ses actions.

 

C’est au prix de ce travail - en amont - que l’entreprise pourra s’assurer d’être cohérente entre ce qu’elle est et ce qu’elle veut être.

 

Vouloir bien faire ne devrait pas se faire sans s’assurer que l’on fait bien maintenant.

 

 

* Puisque impact signifie heurter, c’est-à-dire entrer rudement en contact ou contrarier, on peut se demander comment il est possible de heurter de façon positive.

 

** L’expression anglaise to impact signifie influencer.

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