SOCIAL, LE NOUVEAU MOT VALISE ?

Social a la cote.

 

Il y a les médias sociaux. Il y a l’économie sociale. Il y a les impacts sociaux. Il y a l’acceptabilité sociale.

 

Il y a même le tourisme social; l’utilité sociale; la justice sociale; l’amour social.

 

Devant pareille palette d’usages, on peut s’y perdre quant au sens à donner au mot « social ». Social, qu’est-ce donc?

 

On s’y réfère spontanément en pensant « au club social » ou à l’expression « faire du sôcial ». C’est le sens qui parle des liens que l’on tisse furtivement ou durablement. Du fait « d’être en société ».

 

Il y a aussi « ce qui fait la société », ou en d’autres mots, ce qui fait la structure sociale qui nous entoure.

La structure d’une société se sont les valeurs, les normes, les perceptions ainsi que les intérêts qui s’y côtoient. Ils forment le cadre de référence général au-travers duquel les personnes s’aiment, travaillent, militent, achètent et meurent.

 

Les valeurs et les normes sont des phares, des guides quand vient le temps d’interagir les uns avec les autres. Les valeurs représentent un idéal en vue duquel on agit, par exemple être respectueux ou être exemplaire. De leur côté, les normes sont les balises qui tracent la ligne entre l’acceptable, l’accepté et l’inacceptable.

 

La perception, quant à elle, est le regard que l’on pose sur ce qui nous entoure afin de lui donner un sens. Par exemple, évaluer les efforts déployés afin de respecter des engagements. Positive ou négative, la perception a plus souvent une connotation péjorative en étant associée à une lecture biaisée et partisane d’une situation, particulièrement en cas de conflit.

 

Enfin, l’intérêt est un moteur d’action pour les individus. Il crée l’élan pour décider, choisir, agir. Tout comme la perception, l’intérêt a parfois mauvaise presse, particulièrement lorsqu’il est associé à des conflits, réels ou perçus, ou lorsque les intérêts de plusieurs divergent plus qu’ils ne convergent.

 

L’art social. La vente sociale. L’ingénierie sociale. Le marketing social donc.

 

Social a la cote. Du moins dans le vocabulaire. Pour ne pas en faire un nouveau mot valise, il faut toutefois veiller à lui faire accomplir ce qu’il annonce.

 

Plus qu’une étiquette cool qui fait bien paraître, il faut viser à ce le qualificatif de « social » se traduise par un intérêt réel pour ce qui vient avec. Un intérêt réel pour la structure sociale de votre projet, de votre entreprise donnera de la légitimité à vos décisions, de la confiance à vos interlocuteurs.

 

La structure sociale est tel le sparadrap du capitaine Haddock dans L’affaire Tournesol ; même si on tente de la mettre de côté, nous n’y échappons pas. Planifier un projet, diriger une entreprise implique un arbitrage entre des valeurs, des normes, des perceptions et des intérêts. Leur porter un intérêt réel permet d’arbitrer avec compréhension et non en réaction.

 

Ne laissons pas la valise vide : donnons du coffre à l’adjectif « social » !

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