ET SI POUR 2017 ON SE METTAIT AUX NUANCES?

Institut du monde arabe, Paris. Crédit photo : Sophie Hamel-Dufour
Institut du monde arabe, Paris. Crédit photo : Sophie Hamel-Dufour

L’année 2017 s’amorce avec en toile de fond les débuts sismiques de la présidence de Donald Trump et une tuerie dans la ville de Québec.

 

Fruit d’un remontée politique spectaculaire pour le premier, événement dit imprévisible pour le second, les deux ont en commun de baigner dans le discours ambiant de la polarisation des idées, des opinions.

 

Ce discours nous dessine un monde aux contrastes percutants telles ces photos noir et blanc sur-exposées qui n’affichent que des masses sombres ou éblouissantes. Un monde duquel les dégradés de gris s’estompent de plus en plus. Et un monde qui oublie les dégradés de gris, c’est un monde qui oublie de faire des nuances.

 

Une nuance c’est ce qui permet de cerner une différence, même subtile, entre deux choses en apparence semblables.

 

La différence, par exemple, entre une opinion et une analyse.

 

Une nuance permet aussi de faire la différence entre deux choses pourtant distinctes, mais qu’on amalgame en une seule. Par exemple, la religion musulmane et l’islamisme radical.

 

Le cliché veut qu’être gris c’est être sans saveur. Au contraire, dans une photo noir et blanc équilibrée, le gris révèle les détails, donne du corps à l’image, précise l’objet exposé. La nuance c’est la gamme de gris photographique qui permet d’avoir une pensée plus précise sur un sujet donné.

 

En recherchant la précision, la nuance favorise la compréhension et limite les risques de mésinterprétation des faits.

 

La précision détermine avec exactitude l’état d’une chose dans l’espace et dans le temps.

 

Pour être déterminée avec précision, la nuance demande du recul. Exige du temps pour passer du réflexe à la réflexion. Sans la nuance, on tend à ne penser qu’à court terme, à ne percevoir que l’immédiateté d’une situation. Puisque l’époque carbure à la « rapidité », « l’instantanéité », « l’information en continue », prendre le temps exige de choisir d’agir à contretemps.

 

Rechercher la nuance, c’est aussi changer la perspective du regard que l’on pose sur une situation. Comme le photographe qui change sa prise de vue pour révéler son sujet sous un autre angle, la nuance offre des pistes inattendues à qui prend le temps d’aller explorer différentes facettes d’une situation.

 

Le discours ambiant est à la polarisation des idées, des opinions. Et c’est dans ce contexte que des décisions politiques, économiques et de gouvernance doivent être prises. Parce qu’elle fait appel à la précision, à la réflexion et à la mise en perspective, la nuance contribue à réduire les risques d’omission afin de prendre la meilleure décision dans les circonstances.

 

Osons prendre le temps de la nuance.

 

*Pour que la nuance puisse éviter que d’autres gens perdent la vie à cause des convictions de certains – aux victimes du 29 janvier 2017, Québec.

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