LA BIENVEILLANCE EN POLITIQUE, EST-CE RINGARD ?

Musée du Quai Branly, Paris. Crédit photo : Sophie Hamel-Dufour
Musée du Quai Branly, Paris. Crédit photo : Sophie Hamel-Dufour

 

Les discours des politiciens nous ont habitué à des thèmes économiques comme l’emploi et la croissance. L’environnement a su tailler sa place à géométrie variable selon les orientations des partis. Pour leur part, la solidarité sociale et le soutien aux plus vulnérables sont souvent réduits à des programmes et des allocations. Rien qui annonce un thème comme celui de la bienveillance.

 

Pourtant, deux politiciens français osent aujourd’hui la valeur de bienveillance pour contrer le climat de défiance qui pèse sur leur société (messieurs Alexandre Jardin du mouvement Les citoyens et Benoît Hamon du Parti socialiste).

 

Tous les partis politiques vous parleront de leurs valeurs. Choisir une valeur c'est plus qu’un geste de comm’. Choisir une valeur, c’est choisir un phare. Un phare qui guide les partis politiques dans le choix du contenu de leur programme, c’est-à-dire que si on parle de bienveillance, la bienveillance devrait être soutenue par les orientations, propositions et promesses électorales. Autrement, ce ne sera que de la bienveillance d’apparat.

 

Pourquoi la bienveillance étonne dans un discours et un programme politique ? La bienveillance, c’est un peu comme la gentillesse : c’est bien charmant, mais est-ce assez pour faire gagner des élections ?

 

La bienveillance parle des gens, aux gens. La bienveillance puise sa raison d’être dans l’attention que l’on porte à autrui afin de s’assurer de son bien-être. En d’autres mots, il faut bien veiller.

 

Pour qu’elle ne soit pas qu’une belle image de campagne, la bienveillance commande d’adopter des dispositions favorables envers les autres, dans ce qu’ils ont de différences et de ressemblances. Ainsi, adopter une position de bienveillance ce n’est pas miser sur les peurs, sur les doutes des citoyens, c’est susciter ce qui est beau et bon en chacun d’eux. C’est susciter l’envie de faire ensemble plutôt que faire germer les conflits.

 

En cela, la bienveillance tranche avec le climat politique de cynisme et la crise de confiance ambiante, en France comme ailleurs.

 

La bienveillance, nous disions, c’est un peu comme la gentillesse : c’est bien charmant, mais est-ce assez pour faire gagner des élections ?

 

Ce que la bienveillance insuffle dans le discours politique, c’est justement cette part d’humanité. La part d’humanité que les statistiques, les tendances, les prévisions, les sondages éclipsent. Ce que la bienveillance peut insuffler dans l’action politique c’est de l’humanisme. De ramener au cœur des politiques, du politique, les personnes humaines. De proposer un vouloir faire avec les citoyens plutôt qu’un vouloir faire pour eux.

 

Un doute pourrait surgir : Peut-on réellement espérer que la bienveillance puisse s’accorder avec les calculs et stratégies politiques à la réputation parfois douteuse ? Les campagnes électorales ont besoin de calculs et de stratégies : l’objectif de chaque parti est de gagner! La réponse à cette question – légitime - résidera dans le degré de cohérence que les partis adopteront entre se draper de bienveillance et incarner le bene volens.

 

La bienveillance, c’est bien charmant, mais est-ce assez pour faire gagner des élections ?

 

L’adage veut que les gentils gagnent rarement. 

 

Ce fut pourtant assez pour qu’un jeune mouvement comme celui des Citoyens de Monsieur Jardin semble influencer le candidat du Parti socialiste d’oser le virage bienveillant.

 

Ringarde la bienveillance ?

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