LE SOCIAL, CE N'EST PAS ÊTRE GENTIL

La mode est au « social ».

 

L’économie sociale, l’innovation sociale, on dirait bien que toutes les entreprises vibrent au social. À titre de sociologue, il faudrait s’en réjouir. Pourtant, qu’en est-il de cet engouement pour le social ? D’ailleurs: qu’entend-on par « social »?

 

Le social se résume souvent à l’entraide à une contribution à la collectivité, tels les levées de fonds et le financement d’une infrastructure communautaire, ou encore des redistributions plus équitables. Si ces actions sont louables, voire essentielles pour un meilleur Être-ensemble, le social ne saurait y être réduit.

 

Pour être en mesure d’agir sur la dimension « sociale » en vue d’atteindre les objectifs visés par les campagnes philanthropiques ou d’influence sociale (impact social), encore faut-il comprendre ce qui compose le social. Rappelons que « comprendre » signifie « saisir l’ensemble », c’est-à-dire s’assurer de ne pas laisser dans l’ombre, soit par ignorance ou encore par commodité, certains aspects d’une situation donnée.

 

Quand il est question de social, on s’arrête trop souvent à ce que ce qui est apparent, par exemple les conditions de travail, l’accès à des services ou encore une cause à soutenir, laissant de côté les fondements du social, avec le risque de « faire du social d’apparat ».

 

Ce qui fonde le social est un enchevêtrement de valeurs, d’intérêts, de connaissances et de croyances agencées par les relations individuelles et collectives. Valeurs, intérêts, connaissances, croyances et relations forment la structure sociale de toute organisation ou collectivité. Cette structure sociale nous permet de faire société en étant en lien les uns avec les autres.

 

Si elle est souvent méconnue, voire ignorée, c’est que la structure sociale fait partie du monde de l’intangible, de l’abstrait, elle existe sans qu’on ne la voie. Pourtant, bien qu’invisible, ses conséquences sont, elles, bien réelles. Par exemples, un choc de valeurs peut mener à une impossibilité d’implanter un projet malgré de bonnes intentions au départ; des divergences d’intérêts peuvent entraîner un manque de soutien en aval pour des causes chéries, mais non partagées.

 

Méconnaître, ou pire ignorer la structure sociale d’une organisation ou d’une collectivité, peut conduire à des controverses ou des échecs autrement évitables.

 

Force est cependant d’admettre que comprendre une structure sociale s’accorde mal avec l’instantanéité et la recherche de recettes à reproduire. À contre-courant du monde actuel, comprendre demande du temps et de la réflexion … en vue de gagner du temps par la suite. En effet, il est raisonnable de prévoir que le temps pris pour la compréhension minimise, par la suite, les risques de controverse. Contrairement aux recettes qui proposent des réponses reproductibles, comprendre exige aussi d’aller au-delà des généralités et des évidences, afin de saisir les nuances qui permettent la précision dans chacun des cas.

 

La philanthropie, la solidarité ainsi que le Bien commun permettent certes d’aspirer à un climat d’affaire plus responsable et équitable entre l’entreprise, ses parties prenantes et la société. Toutefois, viser les effets sans comprendre les causes comporte le risque que les objectifs de Bien commun recherchés ne se transforment qu’en objectifs de Bien paraître par manque d’arrimage avec la réalité.

 

Au final, et il faut bien le comprendre, le social, c’est plus qu’être gentil en voulant le bien d’autrui. Le social, c’est ce qui nous lie les uns aux autres.

 

Quels types de relations votre organisation entretient-elle avec ses parties prenantes ?

Quels types de relations veut-elle ? Peut-elle ? 

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