Les tempêtes médiatiques se succédant les unes après les autres, l’indignation du jour semble passer comme l’eau s’écoule dans la rivière. Demain amènera son prochain sujet de controverse. Les jours, les semaines, les mois s’enchaînent ainsi.
L’indignation n’est pas une invention de la décennie des médias sociaux; les lignes ouvertes, pour ne penser qu’à celles-ci, ont eu leurs heures de gloire au XXe siècle. D’aucuns diront ce qui caractérise tout particulièrement ces années-ci est la polarisation du débat. Il faut être Pour ou Contre au risque de devenir personne non grata aux yeux des deux camps. L’injonction à choisir son camp n’est pas non plus le propre de l’époque. L’Histoire est truffée de moments où il valait mieux choisir clairement qui l’on soutenait, pensons à la Révolution française ou aux deux Guerres grandes mondiales.
Ce qui caractérise notre époque est plutôt qu’elle se conjugue au diapason des intérêts individuels. Pour le dire autrement, la paire de lunettes des années 2000 au-travers de laquelle nous regardons le monde filtre les événements, les discours, les écrits à partir de ce qui compte pour soi. Mes principes, mes valeurs, mes causes. Ce phénomène entraîne un effet de loupe sur certains éléments, évacuant, trop souvent, le reste.
Résultat? En combinant l’injonction à prendre parti avec le filtre des intérêts individuels, il est devenu douteux de questionner un enjeu en adoptant une position de surplomb, en l’examinant sous différents angles.
La recherche de la nuance est devenue suspecte.
- Questionner équivaut dans l’esprit de certains à attaquer.
- Ne pas dénoncer équivaut être en accord.
- Susciter la réflexion en matière d’équité équivaut à être contre une des parties.
- Mettre en perspective sociale et historique rime avec diluer pour affaiblir.
- Apprécier l’écriture d’un auteur, d’un journaliste ou l’émission d’un animateur revient à cautionner l’ensemble de ses idées.
Tous ces raccourcis empêchent d’avoir une vision d’ensemble, voire entraînent une cécité collective. Dans ce contexte, il est légitime de se demander comment il sera possible de :
- Prendre des mesures adéquates face à l’urgence climatique?
- D’arbitrer entre des principes?
- De rénover la démocratie?
- De conserver une mémoire historique pour éviter les erreurs du passé?
- De parler de réconciliation sociale au sens large?
Il est grand temps de rallonger les raccourcis, question de refaire de la place à la nuance.
PARTAGEZ
Retour à la liste des Billets sociologiques
SocioZone©, entreprise spécialisée en sociologie stratégique, propose des services de mesure de l’Empreinte sociale et de Développement participatif.
L’Empreinte sociale est la mesure de ce qu’une organisation inscrit dans la société par son image et ses actions.