Pour un développement durable réellement juste

@Sophie Hamel-Dufour
@Sophie Hamel-Dufour

À l'occasion de la publication de la Stratégie de développement durable de la Ville de Québec, ma lettre au maire publiée dans Le Soleil.

 

Lettre à Monsieur Labeaume, d’une sociologue à un sociologue, 

 

Monsieur le Maire, à titre de citoyenne de la ville je dois souligner que je suis fière que la Ville se dote d’une stratégie de développement durable et de cibles ambitieuses de réduction des GES. Plus encore, que vous ayez l’ambition d’en faire un projet de société. 

 

En effet, qu’est-ce que le développement durable sinon organiser le vivre ensemble d’aujourd’hui et préparer le vivre ensemble de demain? 

 

Toutefois, je dois vous avouer ma déception d’avoir constaté qu’un élément crucial manquait à cette stratégie, malgré l’audace des défis collectifs que vous proposez. Cet élément, c’est l’éthique.

 

Vous le savez comme moi, trop souvent, lorsqu’il est question d’éthique c’est que l’on parle de fraude, de conflit d’intérêts, du code. Trop rarement parle-t-on d’éthique en faisant valoir la recherche du Bien, la recherche du Juste. 

 

Pourtant, là est bien votre ambition, celle d’« une ville plus juste, verte et prospère ». 

 

Ainsi, vous souhaitez qu’à l’avenir, le développement de la Ville s’inscrivent dans ces défis collectifs que seront « la cohésion sociale, la santé globale, la décarbonisation, la résilience et la transition » et leurs orientations stratégiques associées. Nous ne pouvons qu’applaudir. Toutefois, si sur le papier tout semble beau, vous savez comme moi à quel point, sociologiquement parlant, la chose sociale est toujours plus complexe qu’elle n’y paraît. Particulièrement lorsque l’on tente, même avec la meilleure volonté, de la faire entrer dans de petites cases. 

 

Les petites cases ici, ce seront les inévitables indicateurs et cibles qui serviront à mesurer les progrès accomplis. 

 

Ainsi, il est prévisible que vos équipes, tant du côté de l’administration que les élus, se heurteront tôt ou tard aux limites pratico-pratiques de la prise de décision en fonction des indicateurs et des cibles. Car tôt ou tard, selon les projets, il faudra arbitrer entre les cibles et les indicateurs, encourant le risque de créer une injustice pour l’une ou l’autre des parties impliquées. 

 

Que faire alors? 

 

Cette question nous ramène à la valeur phare, fondatrice du concept de développement durable, soit l’équité. Nous ramène droit au cœur de l’éthique, puisque l’équité consiste à déterminer la juste part de ce qui revient à chacun. 

 

Nous ramène à votre ambition, comme maire, de léguer un monde plus juste. 

 

C’est donc une invitation que je vous lance Monsieur le Maire, à oser être le premier maire à faire de l’éthique le cœur de la mise en œuvre de sa stratégie de développement durable. Parce que sans l’éthique ni l’équité, le développement durable à Québec ne sera qu’une série de petites cases à cocher. Et les petites cases n’ont rien d’un projet de société.  

 

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